La "Romeufontaine" - 2014
Mise à jour le Samedi, 01 Février 2014 16:30 Samedi, 01 Février 2014 16:17
La Romeufontaine est un trail blanc. Rien qu’avec le nom on se doute bien qu’on ne courra pas dans de verdoyants pâturages en rase campagne. Ce sera blanc, blanc comme neige !
7H30 du matin, Font-Romeu ce dimanche 19 janvier…
Il fait nuit, et le thermomètre affiche un petit -4C° qui nous invite à nous protéger de partout.
Nous chainons nos chaussures de trail (même principe que les chaines pour les voitures) et nous rejoignons la ligne de départ qui se fait sur une route enneigée, laissant présager que plus haut il y aura beaucoup plus de neige…
Une édition très blanche, annoncent les organisateurs.
Effectivement le parcours sera très enneigé avec beaucoup de poudreuse tombée la veille et des résultats qui seront également bien pâles pour les ¾ des coureurs. En effet la plupart d’entre nous ne réussiront pas à franchir les barrières horaires, rendues inaccessibles de part la qualité de neige (molle et fuyante) qui nous a interdit de bons appuis sur la plus grande partie du circuit et amené progressivement à l‘épuisement.
Ah oui, 7H30, donc…
Plus de 300 coureurs s’élancent prudemment dans l’obscurité. Quelques uns, sont équipés de frontales et la plupart de bâtons. C’est parti pour 40 km avec +1620m de dénivelé, ce qui est peu au regard de la distance et beaucoup on verra plus tard.
Le petit groupe des célèbres Coustalats de Drémil part dans les tous derniers, habitude confortable que nous avons prise dans les trails costauds. Bien nous en a pris, car c’est bien d’un trail costaud parmi les costauds dont il allait s’agir. On croit toujours qu’on a couru le plus dur. Mais au bout de 115 trails je n’y crois plus guère et je sais bien qu’il y aura encore un jour, un trail plus dur, plus chaud, plus froid, plus long, plus technique, plus « quelque chose »…
Ca part donc plutôt tranquille sur des tracés en forêt, neigeux mais tassés et relativement propres.
Durant une petite heure, échauffement sans souffler ni souffrir, discussions, rigolades, photos au lever du soleil… paysages somptueux avec un ciel dégagé de la tempête de la veille, brume en vallée, soleil aux sommets du Carlit et massif du Puigmal derrière nous.
Le début du parcours est donc relativement tranquille en pente douce, et nous rejoignons le secteur de ski nordique de la Calme qui nous amènera très progressivement à 2200 mètres d'altitude au sommet du Roc de la Calme. Rapidement il devient impossible de courir dans les montées, tant la neige fuit sous nos pieds, nous essoufflant au bout de quelques dizaines de foulées !
La neige est trop molle, comme du sable sans fond. Le 1° ravito sera fêté longuement en ressourçant les batteries déjà entamées.
Une étoile pour la soupe salée et chaude qui l’emportera largement sur des gobelets d’eau gelés, guère invitants. Le trail se poursuit, ressemblant le plus souvent à une rando active en raquettes (mais sans raquettes).
Puis bascule dans une piste noire très raide qui nous emballe enfin d’une grande vitesse, avant de rejoindre la combe des vaches (qu’elles ont désertée). Il faudra en sortir par une terrible montée ou l’on enfonce parfois profond, montée qui se fait à l’arrachée des bâtons à 2km/h, avant de pouvoir basculer par un terrain accidenté et encore plus poudreux que précédemment vers le lac des Bouillouses uniformément lisse et enneigé. Enfin du plat !
Mais c’est là que nous comprendrons que les barrières horaires auront eu raison de notre volonté (grande), mais avec 40mn de retard les organisateurs au regard de la météo devenue menaçante ont tranché... Nous ne verrons donc pas les Esquits, l'étang de Pradeilles...
Dur, dur pour des coureurs qui ont l’habitude de finir dans la 1° partie du classement… ! Laurent (CORET) retrouvé par hasard à ce moment là, semble également marqué par la rudesse de l’épreuve. Il faut se résoudre à suivre les organisateurs qui nous court-circuitent donc et nous ramènent sur le circuit initial, mais avec un circuit écourté de 6km, et une pénalité de 2H, histoire de ne pas faire mieux que ceux qui seront passés de justesse avant le couperet.
On enchaine un peu tristes, avec la terrifiante remontée de la piste noire (à l’envers) où nous faisons grise mine, même si le corps répond honorablement. Les coureurs du 25km rattrapés,
seront alors avalés les uns après les autres, nous regonflant un peu le moral dans nos chaussettes trempées, et réconfortant un égo mis à mal pour la première fois me concernant.
La bascule vers Font-Romeu, nous offre 6 km descendants et enfin quelques kilomètres rapides où nous retrouvons des sensations habituelles avec un peu de vitesse. C’est qu’on a son honneur tout de même !
6H30 plus tard (environ), c’est l’arrivée rapide dans la salle Colette BESSON dignement équipée pour une course de cette pointure. La tartiflette catalane qui nous attendait, nous remontera définitivement le moral. Les belles images seront bien mémorisées, la galère des appuis fuyants et éreintants vite oubliée.
Amusant : 3 Laurent finiront l’épreuve du 40k en une poignée de secondes. Laurent LEBLANC (Coustalat) qui m’a accompagné et poussé tout du long et Laurent CORET (Astropode) qui finira encore une fois sur mes talons sans que je m’en aperçoive (même scénario qu’au Canigou) !
On évitera de parler classement général, classement par catégorie ou encore de moyenne horaire (5km/H !)… pour ne retenir que la belle aventure atypique. A quand la prochaine épreuve ?
Au Forestrail (42k) légendairement boueux et tout aussi épuisant !
Quand on aime glisser et galérer on ne regarde plus à la difficulté…
Laurent V