La grande course des Templiers - 2003, Nant (12)
Mise à jour le Mardi, 30 Décembre 2008 14:24 Mardi, 30 Décembre 2008 14:00
6h00 du mat : avec quelque 2000 couillons plantés dans la nuit sur la place de Nant, j'attends avec impatience le départ libérateur. P… , qu'est ce qu'on se caille ! Les 3 couches de vêtement, le collant, le serre tête, les gants ne suffisent pas à arrêter le froid mordant, et les frontales déjà allumées ne réchauffent guère l'atmosphère. Après quelques minutes de course, quand le troupeau de lucioles se sera un peu étiré et les muscles échauffés, les -5°C seront plus supportables. Rien n'a été oublié dans le sac à dos de 3 kilos : Coupe vent (très) léger, couverture de survie, sifflet, les doses de poudre énergétiques et les barres du même métal, et surtout l'appareil photo.
La première              partie jusqu'au St Guiral est assez tranquille. Longues montées              relativement régulières sur de bon chemins qui laissent              le peloton s'étaler peu à peu. Je cours très              prudemment, marchant dès que la pente se redresse, gardant              mon énergie pour plus tard. Déjà, à chaque              croisée de route, un public nombreux et survolté nous              encourage.
             9h20, voici enfin le St Guiral, point culminant de la course avec              ses 1366 m d'altitude et déjà 1190 m de dénivelé              et 26 km avalés. Depuis un moment, la neige tapisse la montagne              et met un peu de lumière dans ce matin blafard. A cause du              froid, je ne me suis pas assez alimenté et je traverse un petit              passage à vide. Un peu de marche pour bien boire et manger              énergétique et ça repart. La descente sur Dourbie              se fait à l'économie, la course ne fait que commencer.
10h05, premier ravitaillement              à Dourbie. Un café, puis un thé brûlants              me réchauffent les mains et le corps. Quelques minutes pour              manger, boire et s'étirer, et me voilà reparti. La montée              vers le Suquet est soutenue. C'est maintenant, à la mi parcours,              que commence vraiment la course des Templiers. Certains ont déjà              abandonné, beaucoup sont partis trop vite et peinent à              relancer la machine. Je me sens bien et, comme je le fais déjà              depuis deux heures, je continue à remonter des concurrents.              Au dessus de 900m, le ciel gris se crève et nous saupoudre              de neige.
             La re-descente, rendue glissante par la neige et le passage des concurrents              est très technique. Les chutes sont nombreuses et l'on voit              quelques blessés. L'expérience de la course en montagne              paye, et je dévale, souvent hors sentier dans la poudreuse,              doublant des files entières de concurrents, courbés              et marchant à petits pas dans la trace verglacée.
11h40, l'arrivée à Trèbes se fait dans un état de fraîcheur étonnant après cette longue descente. Je m'attarde un peu pour bien me ravitailler et récupérer dans la salle chauffée. Je sais la partie suivante être la plus difficile pour le moral, avec ses interminables 8 km de longues lignes droites monotones sur le causse noir, jamais plat, et aujourd'hui diablement froid et venté.
13h45, courte pause              à Cantobre. Finalement, malgré le redoublement de la              neige, les deux dernières heures se sont plutôt bien              passées. J'ai dû traverser le plateau à 10 km/h              mais j'ai eu toutes les peines du monde à doubler une caravane              très lente dans la descente raide et escarpée. Maintenant,              il pleut dans la vallée. Ce dernier ravitaillement se passe              dehors et je ne m'attarde pas. La dernière montée se              cache dans le lit sec d'une petite vallée encaissée,              très sauvage, magnifique. Nous montons des ressauts à              l'aide de palettes ou de cordes à nœuds, physiquement              éprouvant ! Suit une longue et parfois ennuyeuse montée              en sous bois, sans jamais voir le sommet, nerveusement éprouvante              ! Nous contournons enfin le Roc Nantais, dernier sommet du périple.              Je quitte un dernier concurrent avec qui je faisais un brin de causette              pour me lâcher sur le bon sentier de l'ultime descente.
             15h05, je jette mes dernières forces pour passer en courant              la courte côte qui mène à l'arrivée, sous              les ovations du public toujours aussi chaleureux. Après 65              km et 3000 m de dénivelé, je passe enfin l'arche, tout              sourire, bras levés pour la photo, avant d'aller m'écrouler,              à bout de souffle.
Assis sur une pierre,              je savoure l'instant. Quelque larmes me montent au yeux, petite pensée              émue à mon ange gardien, l'ombre de Maman qui m'a accompagnée              toute la journée et qui m'a donné tant de forces.
             
Alain
Templiers 2003 : quelques chiffres :
2020 inscrits 1553 arrivants
- 1er : BESSEYRE GIL - 1 SM 5h 56mn 10s
 - 472 : ROMAN ALAIN - 194 V1M 9h 05mn 56s
 - 1427 : FONTAINE MARC - 569 V1M 11h 33mn 45s
 - 1553 : et dernier SCHNAIDERMAN GILLES - 616 V1M 12h 16mn 17s
 
Devant moi, il y avait :
- 15 féminines dont 1 V2 (+ de 50 ans), Ginette Moretto, en - de 8h
 - 45 V2H
 - 1 V3H (+ de 60 ans, en… 7h35 !)
 
				
				
			
	

