Saintelyon - 2011
Mise à jour le Lundi, 12 Décembre 2011 22:28 Mardi, 06 Décembre 2011 22:38
Jean-claude, Max et moi avons tenté l’aventure Saintélyon dimanche dernier (le 4 Décembre) en compagnie de potes à Jean-Claude, qui voulaient tâter du trail. Point déçus, furent les copains !
La Saintélyon, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est une nuit blanche et un parcours mythique qui va de Saint-Etienne à Lyon par les crêtes des Monts du Lyonnais, dont le profil donne : http://www.saintelyon.com/upload/saintelyon/File/stl10-denivele.pdf
En quelques chiffres, cela fait :
- Distance : 68 km, 69 GPS, en fait
- 50% de chemins (plutôt pourris) pour 50% de bitume (bien salis),
- Dénivelé : 1300 m positif pour 1700m négatif, mais ca semble infiniment plus long en positif, en raison de la boue omniprésente sans doute, et de la multiplicité des côtes.
- Point culminant : 850m
- Minuit, c’est l’heure incongrue du départ
- Ravitaillements : 5
- 11 600 coureurs classés sur l’ensemble des courses relais et Saintexpress (1/2 course)
- Coureurs classés en solo : 4101, sur 6000 inscrits (5500 partants à priori)
- Le premier solo : 4h54mn44s (Normal, c’est le champion du monde de trail de l’année…),
- Nos temps solo: autour de 9h40 et des 2500°
- Le Dernier classé solo : 14h47 à la 4101 ° place
(voir la galerie de photos de la course)
Un vécu :
Samedi 3 décembre 22h30, au pied du célèbre chaudron, le Palais des sports de St-Etienne s’éveille.
D’innombrables coureurs émergent de leurs sacs de couchage. Les préparatifs vont bon train, les visages se crispent. Pas évident un départ à minuit, alors que le corps est tout ramollo. La météo est prévue très mauvaise avec pluie en continu… C’est pas la grande joie et chacun se demande bien quoi mettre pour ne pas trop transpirer, ni avoir froid, ni être trempé. Différents paramètres dont tous les trailers ne tireront pas les mêmes choix. Sous une pluie fine, un défilé hagard de coureurs se dirige durant un petit kilomètre vers la ligne de départ, et ça ne rigole guère. En relais de deux, trois ou quatre, se seront les premiers trailers à s’élancer. Pendant ce temps, nous concurrents de l’intégrale, patientons. A minuit, c’est le top départ pour les 6000 solos de la grande Saintélyon. On y est, l’aventure commence. Un long cortège s’élance. Ca part assez vite pour du long. Pour moi, pour nous, l’essentiel est d’essayer de finir l’aventure sans casse et de gérer au mieux un parcours que tout le monde sait exigeant. La suite nous montrera qu’on ne se trompera guère sur le mot « exigeant ».
Les plus de 9H30 de course seraient bien long à raconter tant il se passe de choses sur un si long et rude périple. Voici juste quelques images que je garderai :
- Une longue colonne de frontales qui serpentent sur les collines, devant et derrière vous. Vous faites partie du spectacle. Une immense manif lumineuse sans fin dans la nuit… pas mal !
- Des chemins saccagés par les coureurs qui vous ont précédé, bouillasse permanente, mare, dévers glissants…et chaque appui dont on n’est pas certain du résultat. Moyen..
- Des descentes assez périlleuses, avec le plus souvent des pierres rendues glissantes par la boue, et du monde partout. Chaud !
- Un bras qui me rattrape au vol alors que je m’effondrai suite à une souche que je n’avais pas vue. C’est cela l’esprit trail. Une vraie attention et solidarité qui fait qu’un coureur arrêté ou blessé, et bien on lui demande toujours s’il a besoin, et parfois on évite même qu’il tombe… rarement vu en courses sur route.
- Les secours qui accompagnent un trailer sanguinolent, mais blanc comme un linge. Ca refroidit.
- Des ravitos abrités, très fournis et divers en choix, où la course folle s’apaisait enfin un peu avec le réconfort de multiples denrées et des retrouvailles après s’être un peu éparpillés dans le noir.
- Le petit matin, avec un jour qui se lève sans que le soleil ne veuille briller, tandis qu’une à une les frontales s’éteignent. Et on est encore si loin du but…
Bon vous l’aurez deviné, cela n’a pas été pour moi une partie de plaisir. Pour aucun d’entre nous je crois. Je vous passerai mes ennuis gastriques sévères du 20° au 40° kilo avec une envie permanente de vomir, les douleurs musculaires dès le 30° kilo ! En fait je n’ai guère pu boire et manger pendant qques temps, ce qui explique sans doute les muscles un peu défaillants, ce qui est surprenant pour moi qui ne fait quasiment plus que du long.
Le plaisir a été surtout de gérer un état physique dégradé très tôt et de pouvoir finir en remontant continuellement dans la course. Mais que ce fut long, voire interminable à certains moments ! Comme la rentrée dans Lyon par exemple où les derniers kms sans repères ont duré une éternité. Et ce fut une chance que la pluie tant annoncée, nous ait contre toute attente épargnés. Dans ces conditions tout de même bien difficiles, l’arrivée dans la salle de Gerland fut une immense libération. Une émotion intense, avec un immense sourire banane,. C’est qu’on a bien souffert quand même et qu’on est « finisher » de la grande et mythique Saintélyon. Et ce n’est pas rien … ! Quand au chrono un peu décevant, c’est bien secondaire dans cette histoire.
Merci à Max, qui m’a sans doute évité l’abandon, tant le moral était bas, très tôt dans la course et bravo à Jean-claude formidable joueur de trail qui sur une seule cheville valide, a déjoué (presque) tous les pièges des descentes, et a réussi l’exploit de terminer.
Respect, mais il faudra tout de même penser à racheter une cheville neuve !
Quant aux potes de Jean-Claude, des jeunes qui découvraient le trail, ils ont été gâtés pour une 1°, et bien sympas de nous accompagner dans cette galère.
Laurent